CRÉATION 2015
photos © Elizabeth Carecchio
NOTE SUR LE PROJET
Le projet [Je te souviens] est né à partir du texte Souviens-moi, d’Yves Pagès, compagnon de route de la compagnie, dont une série de lectures par l’auteur a eu lieu en juin 2013 dans le cadre de Parcours Tout Court en Bretagne.
L’envie de créer un spectacle autour de la mémoire collective et de la mémoire intime, de leurs trous, tours, troubles et détours, s’est dans un premier temps esquissée. J’ai convié Gaspard Delanoë, compagnon de la première heure à venir jouer, performer et dessiner ces souvenirs et mémoires. Très vite s’est affirmée l’idée de démultiplier et de diversifier les matériaux pour construire non pas une seule histoire, mais une multitude.
Ensuite, nous sommes allés voir de plus près les Je me souviens de Perec, puis avons découvert que lui-même s’était inspiré plus tôt d’un jeune poète et plasticien américain, Joe Brainard, qui avait écrit plusieurs séries de I Remember dans les années 70. Un choix sensible et drastique d’une centaine d’items, parmi les près de 270 Souviens-moi d’Yves Pagès et les quelques 1497 I Remember, I Remember More et More I Remember More de Joe Brainard, a été fait. En grand spécialiste de la disparition, Georges Perec est ainsi au centre du projet mais sans y figurer directement par ses écrits. Ces deux séries d’instantanés en cascade nous emmènent des années 40 à nos jours dans un tourbillon vertigineux où se croisent la petite et la grande histoire, où se mélangent les générations, les figures historiques, les objets et les détails de plusieurs vies transatlantiques.
Cette équation s’est faite naturellement en prenant d’abord ce qui frappe nos propres esprits et en imaginant les résonances que ces micros-récits peuvent avoir aujourd’hui tant pour les plus jeunes que pour les plus âgés. Parmi cette multitude, Gaspard Delanoë et Thomas Fernier sont les catalyseurs et nos guides dans les labyrinthes de nos cerveaux lumineux et amnésiques. Ils tissent, coupent et démêlent les fils et les liens entre mémoire intime et collective.
Dans un monde en pleine mutation où nous confions notre mémoire vive et toutes nos données à des machines puissantes, ces réminiscences, post-it, polaroïds, flashs, étincelles, nous parlent de notre passé, mais surtout de notre évolution en construisant une histoire commune, tout simplement.
NOTE D’YVES PAGÈS auteur et éditeur
Depuis peu, j’ai envisagé le chantier d’écriture de Souviens-moi, qui joue sur le reprise du même incipit : « De ne pas oublier ». En hommage lointain aux Je me souviens de Georges Perec, même si je crois que ce projet arpente le terrain d’une autre aventure. Et surtout à partir du principe inverse, de la rive opposée. À partir d’un oubli initial, d’un effacement originel, chaque remembrance gardant en elle la trace de son démembrement, de ce qui la vouait d’avance au rebut, à quelque trou noir. Ce qui s’archive ici, c’est ce qui m’a d’abord échappé. Mon sujet c’est l’objet perdu, puis retrouvé, puis disparu à nouveau, avec comme mémorisé du dedans le feuilleton de ces éclipses. Or, il m’a semblé que cette énumération fragmentaire pouvait se prêter à une mise en scène, tout en trouvant un rapport avec des images lacunaires ou quasi abstraites selon un dispositif scénique qui reste à inventer, en collaboration étroite avec un complice de longue date.
NOTE DE GASPARD DELANOË artiste et performer
Lorsque j’ai lu les épreuves du livre d’Yves Pagès intitulé Souviens-moi, je n’ai pas été surpris que l’auteur, dans sa post-face rende hommage au Je me souviens de Georges Perec, même s’il précise que son intention est sensiblement différente. Ce que j’ignorais en revanche, c’est que Perec lui-même s’était inspiré d’un auteur américain, Joe Brainard, auteur de l’original I Remember. En confrontant ces exercices de mémoires, j’ai pu constater à quel point elles différaient (l’une ludique, la deuxième distanciée, la troisième autocritique) et combien cet exercice était nécessairement d’une singularité irréductible, à la fois ultra-individuelle et en même temps universelle.
Alors quand Benoît Bradel m’a proposé de travailler sur ces textes, j’ai adhéré sans condition au fait qu’il y avait une cohérence à entremêler ces récits sur scène, à les faire se croiser, se recroiser, se décroiser, bref à tirer les fils de ces mémoires et nous les renvoyer en miroir.
CALENDRIER
SAISON 2015 / 2016
. vendredi 6 novembre 2015 // Maison du Théâtre, Brest
. lundi 23 au mercredi 25 novembre 2015 // Carreau du Temple, Paris IIIe
. mercredi 13 janvier 2016 // Athénor, Saint-Nazaire
. mercredi 20 au vendredi 22 janvier 2016 // TU-Nantes
. jeudi 4 février 2016 // La Passerelle, Scène nationale de Saint-Brieuc
. jeudi 24 mars 2016 // Théâtre du Pays de Morlaix
. mardi 29 mars au vendredi 1er avril 2016 // Théâtre Dijon-Bourgogne – Centre dramatique national
CRÉATION
. jeudi 30 avril 2015 à 20h30 // TRIO…S, Inzinzac-Lochrist / Hennebont
. lundi 11 et mardi 12 mai 2015 à 20h00 // Théâtre de Cornouaille, Scène nationale de Quimper
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GÉNÉRIQUE
un projet de
Benoît Bradel
avec Gaspard Delanoë
création musicale Thomas Fernier
et interprétation live
Thomas Fernier ou David Euverte
d'après les textes
Souviens-moi d’Yves Pagès
I Remember de Joe Brainard
scénographie Olga Karpinsky
et Benoît Bradel
lumière Orazio Trotta
dramaturgie Pauline Thimonnier
collaboration artistique Julie Moreau
costumes Olga Karpinsky
régie générale Fabrice Le Fur
assisté de Ronan Bernard
régie son Gildas Gaboriau
Une coproduction Zabraka, Théâtre du Pays de Morlaix - Scène de territoire pour le théâtre, TRIO…S - Scène de territoire pour les arts de la piste à Hennebont / Inzinzac-Lochrist, La Maison du Théâtre - Brest, La Passerelle - Scène nationale de Saint-Brieuc avec le soutien de Au bout du plongeoir, Théâtre de Cornouaille - scène nationale de Quimper, TU-Nantes - scène de recherche et de création contemporaine, actoral - Marseille, addav56, La Maison de la Poésie - Paris.
La diffusion de ce spectacle a bénéficié du soutien financier de Spectacle vivant en Bretagne.